Hamnet

Comme à chaque fois, la plume de Maggie O'Farrell m'a cueillie, touchée au c½ur. Peut-être plus encore du fait d'un décor qui m'est cher : l'Angleterre élisabéthaine. Mais ne nous y trompons pas, la biographie – très romancée – n'est qu'un prétexte, car s'il est la clé de voute du roman, Shakespeare n'en est finalement qu'un personnage très secondaire. C'est sa femme, Agnès qui en est le c½ur. Agnès la sauvageonne, Agnès l'indomptable. Agnès la féministe avant l'heure, mère, épouse, un peu sorcière, très clairvoyante. Et tellement entière. A ses côtés, le lecteur est balloté de souvenir en sensation, des jours heureux à la tragédie.

Les relations humaines sont toujours dépeintes avec une grande justesse. Violence, torpeur, animosité, ranc½ur mais surtout l'amour sous bien des formes : magie de la gémellité, dévotion de la maternité, aveuglement de la passion... Et le deuil, suffoquant, tentaculaire, qui éteint tout...

Ecrits comme on les pense, les mot...

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Les fillettes

Il y a Justine, Laurette et Ninon. L'ainée, rationnelle et déterminée, la benjamine, rêveuse et sensible, et la cadette qui sans parler encore comprend déjà beaucoup. Et puis il y a Rebecca, leur mère à fleur de peau, qui malgré tous ses efforts sincères ne trouve la sérénité qu'en s'évadant dans la drogue. L'amour inconditionnel que les fillettes éprouvent pour elle sera-t-il suffisant pour la sauver ?

Un roman fort qui fait dire l'enfance à des mots d'adultes, qui fait dire la souffrance à des mots d'enfants. Un roman qui touchera les mamans en plein c½ur…

Je ne veux pas être jolie

Quel événement pourrait bien faire qu'une petite fille ne veuille plus être jolie ? Rien qu'au titre on sent qu'on va droit vers un sujet oppressant...

A la mort de sa mère, Georgia – Jo pour les faux intimes – a une réaction qu'on pourrait qualifier d'étrange. Elle ne pleure pas, ne semble pas même émue, mais qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Au fond d'elle, un verrou a sauté, son enfance lui saute au visage. L'été de ses 8 ans. Et le regard de sa mère, froid. Distant. Ses émotions, cela fait une vie qu'elle les masque : la chape de plomb imposée en silence, la bienséance et les non-dits qui écrasent, la honte qu'on enfouit au fond de soi, là où personne n'osera aller la chercher. La lecture de ce livre m'a donné la sensation d'un poignard qui s'enfoncerait, très, vraiment très lentement dans mon estomac.

Fabienne Périnaud a pris le parti de s'attarder sur Georgia, laissant dans l'ombre cet autre pourtant à l'origine de tout. Je trouve ce choix t...

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La commode aux tiroirs de couleurs

Une commode aux tiroirs chamarrés, emplie de secrets. Des secrets murmurés par delà la mort, de l'Abuela à su cielo, sa petite-fille. Du régime franquiste à la France d'aujourd'hui, de grands drames en petits plaisirs, elle lui conte une vie d'exil pas tout à fait ratée, pas vraiment réussie non plus. Mais le passé doit être partagé pour écrire l'avenir.

J'ai toujours aimé les mots d'Olivia Ruiz. Qu'ils soient chantés ou encrés, ils sont une musique à eux seuls, chauds et vibrants, flamboyants comme l'Espagne qui coule dans ses veines. Ce premier roman m'a séduite par son naturel et sa sincérité, émue par sa sensibilité. Il est riche de toutes les femmes qui l'ont écrit à travers la plume de l'héritière de l'histoire familiale. On y lit l'exil dans chacune de ses pages, tout à la fois écrasant, chantant et mélancolique. On y croise le désir, la vie et la mort. Mais ce qui rayonne surtout, c'est...

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"Oh..."

Oh... Que dire ? Que j'ai aimé ce roman ? Oui, assurément. Qu'il m'a séduite ? Pas vraiment. Qu'il m'a choquée ? Pas tout à fait. Qu'il m'a secouée ? Complètement !

Quand un homme se met à la place d'une femme pour parler de sujets aussi mystérieux, aussi contradictoires et entremêlés que le viol et le désir, forcément ça peut faire grincer des dents. Et pourtant, je trouve qu'il ne s'en sort pas si mal. Une héroïne atypique qui sort des sentiers battus, un univers froid où le sexe – ne parlons pas d'amour – flirte avec la mort. Là où je m'inquiétais de trouver du caricatural, j'ai trouvé du sensible ; quand je pensais lire une diatribe moralisatrice, j'ai lu un bouillonnement de sentiments paradoxaux, d'introspections et de désirs irrationnels...

Mais "Oh..." ce n'est pas qu'une histoire de sexe. C'est un texte intime, animal, viscéral... Oh oui !

Soie

On dit souvent qu'est plus sensuel ce qui n'est pas montré : le voile de soie qui semble recouvrir le récit d'Alessandro Baricco le rend plus fort, plus pénétrant. Pas d'entrelacs, Soie est un roman non-tissé qui se laisse dérouler comme le fil au sortir du métier : léger et aérien.

A l'opposé du monde moderne, du "tout-tout-de-suite", l'auteur esquisse avec une lenteur mesurée, tout en pudeur, le voyage initiatique d'un homme découvrant l'embrasement d'un désir qu'il ne cherchait pas, dont il ignorait tout...

Un roman aussi précieux que l'étoffe dont il épouse le nom.

Black Mirror - S1

Depuis le temps que j'y pensais, j'ai enfin osé me lancer dans cette série culte. Eh bien je peux vous dire que cette première saison ne m'a pas laissée indifférente ! Une sensation de nausée s'est emparée de moi du début du premier épisode jusqu'à la fin du dernier ; je crois que je vais  attendre un peu avant d'attaquer la saison 2 !

A mi-chemin entre science-fiction et réflexion sociétale, l'aliénation technologique, qui marque le trait d'union entre les univers indépendants, est affolante : on est sensé être dans un futur proche, mais sur beaucoup d'aspect on pourrait se croire se croire aujourd'hui...

Un cocktail audacieux et choquant qui devrait en faire réfléchir plus d'un...


PS : un détail qui m'a amusée, je sais que le nombre d'acteurs britanniques n'est pas infini, mais il y a dans chaque épisode, un acteur récurent de Downton Abbey (Allen Leech, Jessica Brown Findlay et Tom Cull...

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The English game - S1

Angleterre, 1879. Le football s'émancipe, quittant peu à peu les terrains privilégiés de la haute société pour conquérir les arrières-cours d'usines, ce qui n'est pas pour plaire à tout le monde...

The English Game, en retraçant les débuts d'un des sports les plus populaires d'aujourd'hui, nous montre en réalité les prémices de ce qui a fait le XXe siècle : la fin de l'aristocratie toute puissante, le pouvoir grandissant de l'argent, mais aussi l'amour du sport avec des supporters passionnés et l'essor des loisirs pour tous.

J'ai retrouvé dans cette mini-série ce que j'avais tant aimé dans Downton Abbey : les regards croisés. Présenter des protagonistes dans les différentes classes sociales permet à ces deux séries de montrer une lutte des classes honnête, sans manichéisme. Aucun "camp" n'est mis en avant, chacun fait face à ses préoccupations, ses problèmes et ses erreurs sans jugement, pour le meilleur ou pour le...

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Fin du monde et renouveau...

C'est la fin du monde ! Pas parce qu'on va tous mourir non, mais – et c'est bien pire – parce que je ne sais plus lire !

Étrangement, depuis le début du confinement, alors que tout appelle à la lecture, je n'y arrive pas. Je suis incapable de dire pourquoi car je suis plutôt détendue, mais malgré tout, je bloque. Pourtant j'ai de très bon livres en cours, comme Portrait de Femme, ou le Mary Anne de Daphné du Maurier que je cherchais depuis tant d'années. Mais rien n'y fait, quand j'arrive – avec peine – à passer une page, je ne sais même pas ce que j'ai lu !

Alors plutôt que de me lamenter sur mon sort de lectrice défaillante, je me suis mise à dévorer des séries. J'ai toujours préféré les séries aux films car j'y retrouve ce que j'aime dans les livres : les détails...

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Princesse Sara

Une héroïne culte de ma jeunesse, un univers victorien steampunk, des graphismes d'inspiration manga : que demander de plus pour me séduire ? Pas grand chose à vrai dire !

J'ai adoré me replonger dans le roman de Frances Hodgon Burnett que couvrent les 4 premiers tomes de la série. Et ensuite j'ai adoré découvrir cette joyeuse petite bande à l'age adulte. Sara bien sûr, mais aussi Becky, Lottie, Ermennn et même Lavinia ! J'ai trouvé leur évolution plutôt réaliste, et l'alliance classique/moderne si caractéristique du steampunk plutôt harmonieuse.

Une BD franchement sympa, à déguster enfant, ado ou adulte !