La renarde

(Mary Webb)

  Ma note : 17/20

  • Littérature Classique
  • Papier


    Il était une fois, une petite fille qui rêvait devant la bibliothèque paternelle. Elle papillonnait devant tant d'invitations au voyage, mais toujours, une même couverture hypnotique retenait son attention : Une jeune fille rousse, à la fois sombre et sauvage, au regard perdu, accompagnée d'une renarde aussi rousse qu'elle. Qui était-elle ? Pourquoi semblait-elle si triste ? Des questions auxquelles son jeune âge (ou bien était-ce son père ?) n'autorisait pas de réponses.
    Le temps passa, la petite fille devint une femme, ses lectures s'amoncelèrent, mais le regard perdu de la jeune fille rousse ne la quitta jamais, bien que le livre fut égaré, certainement au cours d'un déménagement. Alors quand un jour, sur les rayonnages discrets d'une petite librairie, leurs regards se croisèrent à nouveau...
    La renarde est un roman méconnu et pourtant, il est digne des plus grands du genre. On trouve chez Hazel Woodus un mélange harmonieux de l'ingénuité de Tess d'Urberville, de l'appétence de Catherine Earnshaw, mais également une pointe de l'innocence sauvage de l'Albine de La faute de l'abbé Mouret, le tout emballé dans un récit aux relents de tragédie grecque.
    Dans Antigone, Anouilh fait dire au ch½ur que "c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir." C'est peut-être vrai. Mais j'ai moi au contraire la sensation inverse. La tragédie m'épuise. Mon c½ur se bat à contre-courant pour refuser l'inévitable. L'absence d'espoir rend cette bataille encore plus éprouvante, et pourtant, j'en redemande ! Je dois être détraquée quelque part ! C'est donc avec un plaisir mêlé de tristesse que j'ai suivi le destin tragique d'Hazel, ce c½ur pur malmené par la folie des hommes. Hazel l'enfant sauvage, l'amie de la nature, vaillante défenseur des faibles, naïve et influençable, piégée dans une époque qui n'est pas la sienne... J'ai peut-être trouvé la fin un peu trop abrupte, mais cette légère déception fut vite effacée par l'empreinte coup de c½ur que m'a laissée cet ouvrage magistral.

    Il était une fois une femme sous le charme d'un roman qu'elle attendait depuis tant d'années...

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