Mes citations
Me masquer, sauver la face, donner le change, cet effort que je pus accomplir moins de deux années, j'imagine que d'autres êtres (qui sont mes semblables) y persévèrent souvent jusqu'à la mort, sauvés par l'accoutumance peut-être, chloroformés par l'habitude, abrutis, endormis contre le sein de la famille maternelle et toute-puissante. Mais moi, mais moi, mais moi...
De même qu'ici toutes les voitures sont « à la voie », c'est-à-dire assez larges pour que les roues correspondent exactement aux ornières des charrettes, toutes mes pensées, jusqu'à ce jour, avaient été « à la voie » de mon père, de mes beaux-parents.
La famille ! Thérèse laissa éteindre sa cigarette ; l’½il fixe, elle regardait cette cage aux barreaux innombrables et vivants, cette cage tapissée d’oreilles et d’yeux, où, immobile, accroupie, le menton aux genoux, les bras entourant ses jambes, elle attendrait de mourir.
Petite fille pratique, enfant ménagère, elle avait hâte d’avoir pris son rang, trouvé sa place définitive ; elle voulait être rassurée contre elle ne savait quel péril. Jamais elle ne parut si raisonnable qu’à l’époque de ses fiançailles : elle s’incrustait dans un bloc familial, « elle se casait » ; elle entrait dans un ordre. Elle se sauvait.
Saurai-je jamais rien dire des êtres ruisselants de vertu et qui ont le c½ur sur la main ? Les « c½urs sur la main » n’ont pas d’histoire ; mais je connais celle des c½urs enfouis et tout mêlés à un corps de boue.