Quand j'avais cinq ans je m'ai tué
Ma note : 17/20
Papier
3 citations dans ma p'tite bibli
Quand j'ai lu pour la première fois l'histoire de Gil, j'étais à peine plus âgée que lui ; aujourd'hui c'est mon fils qui a son âge. Et la transposition n'en est que plus forte, l'émotion plus violente.
Gil est un gamin hors normes, dont l'imagination trop riche et la soif de vivre perturbent, pour ne pas dire effraient son entourage. Ses parents, engoncés dans leurs principes étouffants, désemparés devant ce fils qu'ils ne comprennent pas, ne savent pas l'aimer, malgré une évidente bonne volonté de la manman. Alors quand il rencontre Jessica, une petite fille aussi lunaire que lui, c'est le coup de foudre, même s'il ne sait pas encore mettre de mots sur cet émoi. Mais pour les adultes bien-pensants, les enfants ne sont que de petits êtres incomplets, incapable de sentiments. Et c'est le drame.
Interloqué de se retrouver isolé dans la "Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes" à cause de ce qu'il a fait à Jessica, incompris par le corps médical qui prend son imagination pour une déviance et son amour pour un crime, Gil trouve un exutoire en écrivant son histoire sur le mur de la salle de repos.
Il voulait voir s'envoler les minutes.
Cette phrase écrite par une main étrangère résonne au c½ur du récit. Sans savoir le formuler, Gil laisse transparaître son seul espoir de gamin grandi trop vite : devenir adulte, pour pouvoir s'extraire du regard réprobateur qui l'entoure.
Ce roman m'a toujours donné envie de hurler, de piquer comme Gil des crises de nerfs tant l'injustice y transpire de chaque mot. Je me sens tellement impuissante, tellement en colère contre ces médecins imbus d'eux-mêmes et agacée par ces parents incapables de remettre en question la parole divine médicale... Pour tout vous dire, je rêve d'aller casser la figure de l'horrible Dr Nevele pour lui faire ravaler son sourire arrogant et ses convictions rétrogrades ! Mais malgré tout ça, j'aime profondément ce texte qui est, à l'image de son auteur, Howard Buten, ou Buffo le clown, triste et poétique. Et brillant.
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