La femme gelée
Ma note : 17/20
Papier
Conseillé par ma maman
8 citations dans ma p'tite bibli
Il m'aura fallu du temps pour accoucher de ce billet. J'ai été tellement chamboulée que j'ai eu du mal à mettre en mots mes émotions. Je n'ai d'ailleurs pas l'impression d'y avoir vraiment réussi.
Je me suis sentie tout à la fois heureuse et triste à la lecture de ce livre. Heureuse de m'y être reconnue, d'avoir eu la sensation que ma vision de la Femme était partagée. Et triste, tellement triste de prendre encore un peu plus conscience de tout le chemin qu'il nous reste à faire, à nous les femmes, avant d'arriver à la liberté qui nous est si chère. Dieu qu'elle est douloureuse cette prise de conscience. Moi la femme libre du XXIe siècle qui concilie allègrement travail, famille et loisirs… et sourire… dans quelle mesure puis-je considérer que mes choix ont été dictés par mon libre arbitre plus que par la société qui m'entoure. Suis-je vraiment libre ?
J'ai rarement ressenti une aussi clairvoyante compréhension de la femme, de moi-femme. Annie Ernaux, c'est ma grand-mère, c'est ma mère, c'est moi… et j'espère que ça ne sera pas ma fille. De l'enfance à la maturité, je me suis retrouvée en elle, malgré l'écart générationnel qui nous sépare.
L'apprentissage du monde, des autres, la honte de se découvrir un modèle familial anormal. Puis les hommes, si différents, et la Femme. Et la supériorité masculine – discrète tout d'abord, mais qui très vite s'affiche de plus en plus ouvertement. Tout ce qui fait sombrer doucement, insidieusement, dans l'aliénation domestique. Pas de tragédie ici, pas de drame, et pourtant qu'elle est bouleversante cette histoire. Déchirante. J'ai pleuré. Pleuré sur l'auteur, sur moi-même et sur toutes les femmes, qui croient être libres et qui ne le sont pas... « Mais elle est libre, diront certains. Elle a fait des études, elle est même professeur, que pourrait-elle vouloir de plus ? » Et c'est là que c'est sournois, parce que sur le papier oui, elle a tout. Mais dans la réalité, ses besoins passent toujours après ceux de l'homme. Si lui veut prendre l'air, il sort. Elle au contraire, doit s'organiser, lui demander de s'occuper de l'enfant, faire face à son ressentiment : il avait d'autres projets, il est fatigué. Elle sortira néanmoins – elle est libre – l'esprit encombré et elle en profitera pour faire quelques courses au passage. Libre vous avez dit ?
Le fossé immense qui séparait les hommes des femmes, même s'il s'est atténué aujourd'hui, n'est pas entièrement comblé. Qu'on le veuille ou non, qu'on l'admette ou non, on en demande toujours plus aux femmes... ou peut-être sont-ce les femmes qui s'en demandent plus toutes seules... un peu des deux sans doute... On en revient alors à la question du libre arbitre et de la société, aussi existentielle que celle de l'œuf et la poule, mais tellement plus essentielle.
J'espère, non j'attends le jour où l'équité entre hommes et femmes sera devenue tellement naturelle pour la société qu'on n'en parlera plus. C'est ce jour-là que nous aurons gagné notre liberté.
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