Voici un roman étonnant, qui m'a sacrément agacée par certains côtés et charmée par d'autres.

Trois générations, trois histoires de femmes qui se ressemblent malgré leurs différences. Elevées dans une culture, elles deviennent femmes dans une autre. Radhika l'indienne, rapportée telle un trophée en Angleterre par un major humilié et aigri, Anita l'anglaise, de retour en Inde, et Mira la française émigrée en Afrique noire. Entre choc des cultures et métissages plus ou moins harmonieux, ces 3 femmes forment le cœur vibrant d’un roman poétique, sur fond de mysticisme tribal. Un voyage presque chamanique aux parfums de curcuma, d'œufs au bacon et de manioc grillé.

Malheureusement, j'ai ressenti autant de superficialité dans le traitement qu'il y avait de profondeur dans l'idée ! Les détails dans un roman sont pour moi tout aussi importants que le fond. Chaque petite incohérence me fait l'effet d'une piqûre de moustique. La première, on s'en rend à peine compte. La deuxième commence à agacer. Au-delà, on devient tellement obnubilé qu'on finit par en voir même quand il n'y en a pas ! On sent que Cécile Huguenin a privilégié l'émotion à la cohérence. D'autre part – mais c’est là un avis purement personnel – je n'ai pas apprécié le changement de mode narratif au milieu du texte. La première partie coulait naturellement en narration externe. Puis, interruption brutale, passage à la première personne : je me suis sentie éjectée du récit par un narrateur sorti de nulle part. D'autant plus que ce jeune homme inexpérimenté tombe comme un cheveu sur la soupe dans une intense histoire de femmes. J'aurais vraiment préféré continuer avec la narration initiale, qui m'aurait permis de replacer à mon gré Mira au centre du tableau.

J’ai malgré tout passé un bon moment, même si je sens déjà s’estomper le goût des mangues de ma mémoire...