Mon Dieu, quelle force se dégage de ce roman ! Brut, intelligent, sans mièvrerie ni bons sentiments, il est tout simplement poignant.

Val et Nick sont ce qu'ils appellent des losers. Comme nombre d'ados, ils ne sont ni populaires, ni brillants, juste mal dans leur peau ; et les tensions familiales ainsi que les railleries qu’ils subissent au quotidien n'arrangent pas leur tempérament... Alors ils évacuent la pression avec une liste, une liste secrète, sur laquelle ils recensent tout ce qu'ils détestent ; de la pompom girl reine du lycée aux "gens qui disent « je suis désolé » à la fin de chaque phrase" en passant par l'algèbre et la prof de physique. Pour Valérie cette Hate List n'est qu'une soupape de sécurité, une échappatoire bien inoffensive... Mais quand le fantasme salvateur devient une réalité meurtrière, c'est tout son monde qui bascule.

Si la prose de Jennifer Brown n'a rien d'exceptionnel, son propos lui, est particulièrement original et percutant. En effet, dans ce genre d'affaires, on s'intéresse souvent aux responsables, parfois aux victimes, mais Valérie elle, n'est ni l'un ni l'autre, tout en étant les deux à la fois ! Entre coupures de presse, flash-back et temps présent, on entre dans la tête de cette adolescente en pleine reconstruction, au cœur de sa souffrance et de ses contradictions. Comment affronter le retour au lycée ? Le regard des autres, leur rancœur, leur réprobation, et même leur pardon ? Comment supporter sa propre culpabilité ? Comment survivre à l'absence de ceux qui ne sont plus là. Et surtout, comment accepter que celui qu’on aimait – qu’on aime – nous était à ce point étranger, lointain. Qu’on n’a simplement rien vu, rien compris de sa colère. Cette colère qu'on pensait pourtant partager.

Comment faire face à la vie après une telle épreuve ?