La honte
Ma note : 17/20
Bibli
2 citations dans ma p'tite bibli
Si vous cherchez une aventure, un drame, un roman linéaire plein de rebondissements, alors vite, passez votre chemin ; Annie Ernaux n'écrit pas pour vous ! En revanche, si les usages du temps de vos parents (ou de vos grands-parents) vous intriguent, si vous aimez trouver les mots qui décrivent des sensations, des ambiances ; si vous aimez réfléchir sur les autres, et aussi sur vous-même, alors je vous enjoins à plonger tête baissée dans ses mémoires.
Dans « La honte », elle revient sur un épisode traumatisant de son enfance ; quelques minutes sans conséquences visibles, mais qui la hanteront encore et toujours. C'est là qu'elle prend conscience que sa vie est hermétiquement scindée entre l'enseignement d'excellence d'un côté, et l'épicerie familiale de l'autre. Elle encaisse alors de plein fouet la honte de se découvrir une vie de famille populaire, presque vulgaire en comparaison de l'exigence toute catholique de l'école privée. L'image de la mère apparaissant sur le pas de sa porte, en chemise de nuit douteuse, devant ses camarades et son professeur est frappante. La honte ressentie, qui peut sembler puérile au lecteur adulte, suinte littéralement des mots.
Annie Ernaux porte sur son passé un regard terriblement lucide. Elle se définit d'ailleurs – à très juste titre – comme ethnologue d'elle-même. Et j'avoue sans honte (justement) lui vouer une admiration sans réserve. Elle parle directement à mon subconscient, elle met des mots sur mes propres ressentis ; des émotions anciennes me remontent en mémoire lorsque je la lis, qui me coupent le souffle par leur acuité. Peu d'auteurs me bouleversent comme elle, et avec si peu. Merci Madame Ernaux !
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