Fief
Ma note : 13/20
Papier
Conseillé par une chronique de Juliette Arnaud
3 citations dans ma p'tite bibli
Si je devais résumer ce livre en un mot, je choisirais "Ennui".
Pas l'ennui du lecteur non, l'ennui leitmotiv, lancinant, usant. L'ennui symbole d'une génération perdue, sans envie ni ambition. L'ennui de l'horizon trop loin que l'on préfère cacher derrière un joint. L'ennui qui appelle l'ennui.
Ecrire sur l'ennui sans être ennuyeux, pas facile ! C'est pourtant un exercice qu'a plutôt réussi David Lopez. Alors certes, il y a des temps longs, certes ce n'est pas un bouquin qu'on dévore en quelques heures, mais dans l'ensemble j'ai plutôt apprécié cette immersion dans l'univers gris de jeunes dés½uvrés. Perdants avant même de commencer la partie, ils surnagent faiblement, souffrant plus du manque d'envie que de réelles discriminations. Ils m'ont tout de même semblé un peu trop lisses ces gentils lascars ; je n'ai pas retrouvé en eux la détresse sourde qui hante les banlieues. Alors soit (et c'est tant mieux) les jeunes dans ces quartiers de province sont plus tendres que ceux des cités dortoirs périurbaines, soit (et c'est dommage) l'auteur n'a pas su aller au bout de ses idées.
Je trouve somme toute que Fief est une jolie réussite – prix du livre Inter tout de même – d'autant plus qu'il s'agit d'un premier roman. Le dialecte "zone" se mêle harmonieusement au parler plus académique, dans les dialogues comme dans la narration. David Lopez a su exhauster la poésie sous-jacente au rythme et aux mots, sans dénaturer un phrasé plus riche qu’il n’y parait. Faire du beau avec du sale, faire du grand avec du faible. Faire du plein avec du rien.
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