Moll Flanders

(Daniel Defoe)

  Ma note : 15/20

  • Littérature Classique
  • Ebook

    2 citations dans ma p'tite bibli


    Je ne vais pas vous mentir, ce roman est dur à lire. Plus de 500 pages de vieil anglais, même traduit (tenter cette lecture en VO ne m'a pas effleuré l'esprit, et bien m'en a pris !), ça use un peu le cerveau ! Pourtant je suis plutôt à l'aise avec la langue française, mais j'ai dû relire certains passages plusieurs fois pour en saisir le sens. Entre tournures grammaticalement alambiquées et métaphores vieillies, ce texte d'une grande richesse l'est parfois justement un peu trop, riche !

    Néanmoins, pendant ce temps, j'avais assez de ruse pour ne donner lieu le moins du monde à personne de la famille d'imaginer que j'entretinsse la moindre correspondance avec lui.

    Quelle sorte de tranquillité, ceux-là le jugeront le mieux qui entendent comment des gens peuvent être tranquilles qui en assassinent d'autres pour échapper au danger.

    Cette richesse de la forme se retrouve tout autant dans le contenu. De fait, la vie rocambolesque de Moll Flanders (au passage, ce n'est pas son vrai nom, bien que ça soit le seul qu'on nous laisse connaître dans le roman) est digne d'un scenario hollywoodien ! Une dizaine de fois mère, 5 fois épouse, au moins 3 fois amante – mais jamais prostituée contrairement à ce que j'ai pu le lire dans divers articles – Moll est une femme ambitieuse, prête à tout pour se hisser dans un milieu social au-dessus de sa condition ! Coïncidences, manipulations et retournements de situation sont le pain quotidien de cette héroïne improbable, dont le tempérament n'est pas sans rappeler celui de ma grande favorite littéraire : Scarlett O'Hara. Toutes deux ont en effet une volonté hors du commun, refusant catégoriquement de se laisser sombrer dans la misère. Toutes deux sont amenées à utiliser des moyens plus ou moins honnêtes pour y arriver. Et surtout, toutes deux déclenchent l'antipathie de beaucoup de lecteurs alors que moi je les aime sincèrement. On m'a souvent dit que j'avais l'esprit de contradiction !

    Malgré tous ses défauts, j'ai donc beaucoup de sympathie pour cette héroïne, que j'ai sentie foncièrement généreuse malgré son manque évident de scrupules. Certes elle vole, certes elle ment, mais cela ne l'empêche pas de rester fidèle à ses rares amis. Il ne faut pas blâmer ses actions avec notre regard du XXIe siècle. N'oublions pas qu'en ce XVIIe siècle anglais, les femmes n'avaient que peu (voir pas) de moyen de subsistance autonome. Trouver un mari pour elles, c'était comme trouver un job pour nous, parfois on tire le bon numéro, mais le plus souvent ça ne sert qu'à payer les factures ! Vous allez me dire « Elle n'a pas de c½ur, tenez, elle se débarrasse systématiquement de ses enfants ! » Mais encore une fois, qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Avec un bambin sur les bras, ils auraient tous deux été voués une existence précaire et miséreuse. On parle d'une époque où la contraception n'existait pas, et où les nourrices étaient légion, se séparer de ses enfants était alors une pratique courante.

    Je ne dis pas qu'elle est parfaite, mais elle est tellement humaine, et finalement c'est ce qui fait une bonne héroïne à mes yeux. La perfection, j'en ai soupé ! J'ai réellement passé un bon moment aux côtés de Moll Flanders, même si je ne suis pas sûre de trouver un jour le courage de relire ce pavé !

    NB : je ne sais pas si l'expression "malgré que" était en usage du temps de l'auteur, ou de celui du traducteur, mais mes yeux de lectrice de 2015 ont saigné à la vue de cette construction grammaticale utilisée à maintes reprises au cours du roman.

    Ceci mit fin en même temps à mon déguisement, car malgré que leur offre me déplût, pourtant je n'osai leur dire, mais parus m'y complaire et promis de les revoir.


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