Mes citations
(...) j'ai l'impression d'une vie encombrée à ras bords, pas la place d'y fourrer la plus petite goutte d'imprévu, la moindre curiosité.
On finit par ne plus comparer sa vie à celle qu'on avait voulue mais à celle des autres femmes. Jamais à celle des hommes, quelle idée.
Dire le coinçage, l'étouffement, tout de suite le soupçon, encore une qui ne pense qu'à elle, si vous ne sentez pas la grandeur de cette tâche, voir s'éveiller un enfant, le vôtre madame, le nourrir, le bercer, guider ses premiers pas, répondre à ses premiers pourquoi – le ton doit monter de plus en plus pour retomber en couperet – il ne fallait pas en avoir, d'enfant. A prendre ou à laisser le plus beau métier du monde, pas faire le détail. La grandeur je ne l'ai jamais sentie. Quant au bonheur, je n'ai pas eu besoin de J'élève mon enfant pour ne pas le rater quand il m'est tombé dessus certaines fois, toujours à l'improviste. (...) Je n'ai pas besoin de me souvenir de tout pour prouver que j'étais « aussi » une vraie mère, comme autrefois une vraie femme.
Je ne sais pas encore qu'au moment où l'on me pousse à liquider ma liberté, ses parents à lui jouent un scénario tout aussi traditionnel mais inverse, « tu as bien le temps d'avoir un fil à la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus ! », bien chouchoutée la liberté des mâles.
La fac, pour Hilda, c'est naturel, le cours des choses, pour moi un acte risqué. Devant l'amphi encore fermé, ce petit tremblement prolétaire dissimulé sous le balancement désinvolte du sac où brandouille un classeur, la peur d'avoir l'ambition plus grosse que la tête.
Garçon au désir libre, pas toi ma fille, résiste, c'est le code.
Devenir quelqu'un ça n'avait pas de sexe pour mes parents.
Mais je cherche ma ligne de fille et de femme et je sais qu'une ombre au moins n'est pas venue planer sur mon enfance, cette idée que les petites filles sont des êtres doux et faibles, inférieures aux garçons.